LE REMARIAGE DES DIVORCES A L’EGLISE CATHOLIQUE
« Aimez-vous
les uns les autres comme je vous ai aimés » Jean 13,34
De plus en plus de gens me sollicitent actuellement pour « une petite bénédiction des alliances » car ils sont divorcés et ne peuvent se remarier à l’Eglise. Dans des cas pareils, je réponds qu’il n’est pas bon de faire quelque chose qui ressemble à un mariage mais qui, en réalité, ne l’est pas du tout et qui, de toute manière, ne résoudra pas le problème.
Pour essayer de régler certains problèmes à la source, l’Eglise Catholique se
penche avec sollicitude et compassion sur les couples en échec en cherchant s’il
y avait des raisons objectives antérieures au mariage qui auraient pu empêcher
un véritable engagement sacramentel des époux et par conséquent l’existence même
du sacrement du mariage. L’Eglise n’a aucun pouvoir sur le mariage valide, qui
est un sacrement, en revanche, elle a le droit et le devoir de constater son
invalidité, donc la « nullité », ce qui veut dire la non-existence du lien
sacramentel dès le début et ce, bien entendu, dans des cas très précis et
prouvés.
Cette pratique, qui n’est pas nouvelle, mais qui de nos jours a pris de
l’ampleur avec une nouvelle approche psychologique, est une source d’espoir pour
de nombreux couples en échec qui ont le sentiment bien fondé que leur mariage ne
pouvait pas être valide et qu’il n’avait pas réussi malgré leur bonne volonté et
leurs efforts.
Cette procédure a la forme d’un procès, mais contrairement à un procès civil
elle se fait sur dossier, c’est-à-dire sans la rencontre des parties devant les
juges. D’ailleurs, ce n’est pas la personne des ex-conjoints qui est mis en
cause mais l’existence du lien sacramentel qui les a unis. Pour cette raison,
les craintes souvent exprimées par les demandeurs « de ne plus remuer le passé »
ne sont pas du tout fondées. Je crois que pour guérir il vaut mieux couper dans
un ulcère, bien que cela puisse faire un peu mal, plutôt que de le maquiller !
Le texte qui suit est issu d’une plaquette éditée sur la question par l’Evêché ; elle pourra vous aider à résoudre certains problèmes.
Qu'est-ce que le mariage religieux pour l'Eglise catholique ?
Une réalité humaine :
L'union d'un
homme et d'une femme qui font alliance pour
former une communauté de vie et
d'amour ordonnée au bien des conjoints ainsi
qu'à la génération des enfants.
Un Sacrement :
Le signe de
l'amour unissant le Christ à son Eglise.
L'alliance des époux est établie sur leur
consentement irrévocable : acte de la volonté par lequel ils se donnent et se
reçoivent l'un et l'autre
pour la vie dans la fidélité avec le désir de vivre
un amour fécond.
Ce consentement nécessite la faculté de discerner
l'importance de l'engagement ainsi que les
capacités personnelles à le tenir.
Il ne doit être
vicié ni par un défaut grave, ni par un empêchement canonique et doit être
exprimé dans la forme prescrite par le droit de
l'Eglise.
Les étapes de la procédure
Lorsque l'un des conjoints a le sentiment que son
mariage peut être déclaré nul, il contacte
l'Officialité diocésaine (une instance ecclésiale qui s’en occupe), c'est le
demandeur. Le tribunal compétent est :
- celui du lieu de la célébration du mariage
- celui du
domicile du défendeur (le conjoint
non-demandeur)
- celui du domicile du demandeur.
Le demandeur s'adresse à l'Officialité qui le dirige éventuellement vers un avocat ecclésiastique. Puis, il adresse un « libelle » en forme de lettre ou de mémoire (pour visualiser un modèle) où il expose les raisons de sa demande. La procédure dure entre 12 et 18 mois en deux instances obligatoires. Tous les frais forfaitaires (l’avocat compris) sont fixés à 300 € en première instance et 100 € en appel. En cas de difficultés, il convient de s’adresser à l’Archevêché.
Pour plus d'informations sur
la procédure d'ouverture du procès
1- L'instruction de la cause :
Lorsque la
requête est acceptée et le motif de nullité retenu, un des auditeurs de
l'Officialité procède à l'audition du
demandeur, de la partie défenderesse
(ultérieurement) ainsi que de leurs
témoins.
2 - La discussion de la cause :
Au vu du dossier ainsi constitué, l'avocat (s'il y en
a un) rédige la plaidoirie, donnant les arguments
en faveur de la nullité du mariage.
Parallèlement, ou sitôt après la clôture de l'instruction (en l'absence
d'avocat), le défenseur
du lien fait ses
observations en faveur du lien
matrimonial.
3 - La décision :
Le dossier est
alors remis aux juges qui, après l'avoir
étudié, individuellement, et donné leur avis,
se réunissent pour prendre ensemble la
décision. Cette décision, même si
elle est affirmative devra être confirmée ou infirmée par l'Officialité
de 2ème instance.
La sentence ainsi ratifiée devient alors définitive.
Si les parties
s'estiment lésées par la décision, elles
peuvent faire appel.
Les intervenants de l'Officialité
·
L'Official
Aussi appelé vicaire judiciaire, est un prêtre
représentant l'Evêque, chargé d'examiner les
demandes et de
faire respecter le droit des personnes dans
le diocèse.
·
Les juges diocésains
Constituent avec l'Official le tribunal diocésain et
doivent se prononcer sur les causes qui leur sont
présentées.
·
Les défenseurs du lien
Exercent le ministère public et sont chargés
d'apporter les arguments en faveur du mariage.
·
Les auditeurs
Ont pour mission d'instruire les causes et
reçoivent les dépositions des personnes
concernées et de leurs témoins.
·
Les avocats ecclésiastiques
Peuvent guider et accompagner les parties dans
leur démarche tout au long de la procédure.
·
Le notaire
Responsable de la « forme » de la procédure,
atteste de
l'authenticité des documents et de la
conformité des dossiers.
En dehors de
l'Official, qui est nécessairement prêtre,
les autres intervenants peuvent être prêtres
ou laïcs ayant la formation requise et
reconnus par l'Evêque.
Les motifs de nullité
Nous n'évoquons ici ni les empêchements ni les
défauts de forme canonique. Seuls sont présentés brièvement les motifs de
nullité les plus fréquents
en Officialité.
Les vices de consentement :
1 - Les incapacités
- Le défaut de discernement.
Ce vice de
consentement se pose souvent en termes de
« manque de maturité ». En effet,
les conjoints, en se mariant, doivent non seulement savoir ce qu'est le
mariage mais être en mesure, chacun, de
mener à bien ce mariage particulier
qu'ils désirent personnellement
contracter.
Or, ce « discernement » peut être perturbé soit par
un grave
défaut de la raison, soit par une grave
altération de la volonté.
Ce « défaut' »concerne donc « l'objet » du
consentement.
- L'incapacité à assumer les obligations essentielles du mariage.
Ici,
c'est la capacité du sujet lui-même qui est mise en cause. Ainsi, certaines
personnes peuvent consentir au mariage mais, pour des raisons de nature
psychique, être incapables de remplir l'engagement qu'elles prennent.
2 - Les autres motifs
- L'erreur sur la personne :
C'est le cas d'un conjoint se révélant tout à fait différent après le mariage.
- L'erreur sur une qualité de la personne :
La nullité du mariage ne peut ici être reconnue que si l'on a la preuve que la
qualité absente était essentielle dans l'esprit du contractant.
- Le dol :
Il
y a dol quand un élément de la vie d'un des contractants est délibérément caché.
- La simulation :
Cette simulation peut être totale (le contractant accepte le mariage pour
d'autres raisons que le Sacrement). Elle peut aussi être partielle (le
contractant a la ferme intention de ne pas remplir l'une ou l'autre des
obligations essentielles du mariage).
- Les exclusions :
- Exclusion de l'unité du mariage. C'est le cas de personnes se mariant avec la
volonté manifeste de ne pas respecter la fidélité conjugale.
- Exclusion de la procréation. Quand il y a un refus total et définitif de la
procréation.
- Exclusion de l'indissolubilité. C'est rejeter totalement la perpétuité du lien
matrimonial.
- Le mariage conditionnel :
Le mariage est alors assorti d'une condition portant sur le passé, sur le
présent ou sur l'avenir.
- La violence ou la crainte :
Un des contractants se trouve aux prises avec une pression telle qu'il est
« forcé » au mariage.
Si vous pensez de vous trouver dans l’un des cas décrits ci-dessus, ne négligez pas cette opportunité et n’hésitez pas à contacter:
votre Curé
ou
directement l’Officialité de votre Diocèse.
A Strasbourg il se trouve au
16, rue Brûlée
67081 Strasbourg - Cédex,
Tél. 03.88.21.24.57.
Vous pouvez aussi transmettre ce texte à vos amis et proches censés être
intéressés par cette question. J’espère que ces quelques informations aideront à
régler, au moins chez certains, des problèmes qui compliquent leur vie
matrimoniale et celle de leur foi.
le Juge Diocésain