Ces trois couvents étaient situés près de trois cours d’eau : La Matra ou Moder, remplacée plus tard par la Sauer ; le Rhin qui passait près de Plittersdorf ; le Seltzbach.
1. LE COUVENT DE LA MATRA-SAUER
Adélaïde voulait que des moines prient pour le repos de l’âme de Lothaire, son premier époux, d’Otton I le Grand, veuf d’Edith d’Angleterre qui a obtenu la main d’Adélaïde, veuve de Lothaire. Et elle comptait sur les mêmes prières pour son fils d’Otton II décédé 10 ans après la mort d’Otton I (973 et 983).
En 987 elle décida donc de fonder un monastère en Alsace. Elle chargea de ce travail son serviteur Manegold à Sermersheim en Alsace. La femme d’Otton II, Théophano, régente durant la minorité d’Otton III, son fils, refusa à Adélaïde les ressources nécessaires à cette fondation. Manegold mourut en 987 et Théophano en 991. Devenue régente, Adélaïde prit l’affaire en main et à la place de Sermersheim choisit Seltz en 991-992.
Les travaux durèrent de 992 à 996. Régente, Adélaïde obtint de son petit-fils Otton III les ressources nécessaires à cette construction au bord de la rivière appelée Matra. Plus tard, cette rivière confluait avec le Rhin de plus en plus au sud, Beinheim... Et la Sauer son ancien affluent continuait peu à peu à occuper l’ancien lit de la Moder. De nos jours, la Sauer reçoit les eaux du Standenrhein, appelé « Quellenwasser », à Beinheim et les eaux du Kleinrhein et du Forlengiessen réunies au sud de Seltz.
2. ANNEXE MIRMELSBERG
En 1197 les moines ont fondé une annexe pour des religieuses sur la rive gauche du Rhin, peut-être non loin du site du bac actuel, mais rive droite alors ? Et par conséquent la ferveur monastique se manifestait alors par deux couvents : celui d’Adélaïde près de la Matra pour les moines, et celui du Rhin pour les religieuses, ce deuxième couvent étant dit « Mirmelsberg ».
Mais à partir de 1307 les inondations commencent à menacer l’existence des deux couvents. Un Kohlengraben peu précis sur les cartes d’alors, les eaux du Kleinrhein et du Forlengiessen, celle du Standenrhein et de la Matra, sans oublier celles du Rhin qui se déplace de plus en plus vers Seltz : toutes ces eaux, après de fortes pluies et la fonte des neiges alpines peut-être, réussissent à détruire le couvent I en 1307. Le couvent II résistera jusqu'en 1469, les rivières autres que le Rhin étant assez loin du Mirmelsberg.
3. MONASTERE DU SELTZBACH
Informé de ces dégâts, Clément V ordonne aux moines de continuer l’existence de leur couvent en en construisant un troisième, celui du Seltzbach, situé rive droite, et sans doute aussi rive gauche. Les fouilles de 1988 ne concernaient que la rive droite et sans doute pas toute l’étendue de cette reconstruction. L’église de ce couvent III avait une longueur de 60 mètres et comportait 14 colonnes.
Les ressources des moines provenaient de terres de villages situés au sud de Mayence, du Palatinat, de l’Alsace, des environs de Seltz et de trois villages Suisses.
Mais les recettes ne se faisant qu’avec les plus graves difficultés, les moines furent confrontés à une pauvreté croissante, et, leur ferveur amoindrie, ils obtinrent de Rome la sécularisation de leur couvent.
4. LA SECULARISATION ET LA PREVOTE
Pauvres, les clercs vont habiter chez les habitants de Seltz et devront leur aisance toute relative à l’abandon de leur vie religieuse et à leur nouvel état de chanoines, le canonicat constituant le degré supérieur du clergé séculier. Ils se réunissaient dans la salle située au-dessus de la sacristie de l’église paroissiale actuelle, l’ancienne abbatiale transformée alors en collégiale.
Seltz était une ville impériale à l’époque du couvent III du Seltzbach. Mais l’électeur palatin parvint en 1414 à enlever Seltz à l’empereur pour en faire une ville palatine. Quand l’électeur adopte la Réforme, la prévôté (ancien couvent III) le suit dans la réforme calviniste et on utilise alors les bâtiments abandonnés du couvent III pour y essayer un début d’Université. Mais l’électeur Frédéric III meurt après avoir fondé notre « Académie », et son successeur Louis VII, qui n’est pas calviniste mais luthérien, veut remplacer le catéchisme de Heidelberg par celui de Luther. Cependant, comme il se heurte au refus des professeurs, il supprime l’Université naissante. Dans l’intervalle, en 1575-1577, Seltz-ville a passé elle aussi à la Réforme.
5. LOUIS XIV
Pendant la guerre de Trente ans et par la suite, le roi de France Louis XIV empêche les Palatins de regagner Seltz. Bien plus, le roi envoie des jésuites et des capucins qui réussiront à ramener la ville au catholicisme. Le roi réunit Seltz au royaume de France (1683) et, pour récompenser les jésuites, leur donne en « bénéfice »les possessions monastiques. Plus tard, à cause de ce « bénéfice » et de certains abus commis dans la forêt, une grande partie de ces forêts échoit aux hospices civils de Strasbourg.
