L'ESPRIT DE PENTECÔTE  

En associant étroitement la confirmation à la Pentecôte, l'Église fait référence à cet événement capital qui a totalement changé les Apôtres, la Pentecôte. Les Actes des Apôtres nous rapportent cet événement en ces termes:

«Quand arriva la Pentecôte (le cinquantième jour après Pâques), les frères se trouvaient tous ensemble. Soudain, il vint du ciel un bruit pareil à celui d'un violent coup de vent. Toute la maison où ils se tenaient en fut remplie. Ils virent apparaître comme une sorte de feu qui se partageait en langues et qui se posa sur chacun d'eux. Alors, ils furent tous remplis de l'Esprit Saint. Ils se mirent à parler en d'autres langues, et chacun s'exprimait selon le don de l'Esprit.

Or, il y avait, séjournant à Jérusalem, des Juifs fervents, issus de toutes les nations qui sont sous le ciel. Lorsque les gens entendirent le bruit, ils se rassemblèrent en foule. Ils étaient dans la stupéfaction parce que chacun d'eux les entendait parler sa propre langue. Déconcertés, émerveillés, ils disaient : «Ces hommes qui parlent, ne sont-ils pas tous Galiléens? Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans sa langue maternelle? Parthes, Mèdes et Elamites, habitants de la Mésopotamie, de Judée et de Cappadoce, des bords de la mer Noire, de la province d'Asie, de la Phrygie et de la Pamphylie, de l'Egypte et de la Lybie proche de Cyrène, Romains résidant ici, Juifs de naissance et convertis, Crétois et Arabes, tous, nous les entendons proclamer dans nos langues les merveilles de Dieu!» Tous étaient stupéfaits et interdits et se disaient l'un à l'autre : «Que peut bien être cela?» D'autres encore disaient en se moquant : «Ils sont pleins de vin doux» (Actes 2,1-11).

 Tout bascule

Après la Pentecôte, les disciples ne sont plus les mêmes. Auparavant, ils étaient lents à croire et Jésus leur reprochait souvent leur lourdeur d'esprit et leur peu de foi. Ils comprenaient mal ce qu'il leur disait et il devait tout leur expliquer. A mesure que le conflit entre lui et les chefs religieux de Jérusalem s'envenime, ils sont déçus et terrifiés. Jusqu'au dernier moment, ils s'imagineront que Jésus va restaurer en Palestine l'ancien Royaume de David. Aussi, lorsqu'il est arrêté, leurs rêves s'écroulent et ils s'enfuient. Pierre renie Jésus trois fois et, sur le chemin d'Emmaüs, les disciples laissent paraître leur désillusion et leur amertume. Jésus vivant se montre à ses disciples, parle avec eux, mange avec eux. Mais eux restent enfermés dans leur maison, les portes verrouillées par crainte des juifs (Jean 20, 19 et 26).

Tout aurait pu finir ainsi et l'on n'aurait plus entendu parler de Jésus; le «christianisme» ne serait même pas né. Or, le christianisme est né. Deux mille ans après la mort et la résurrection de Jésus, son Évangile est connu dans presque tous les pays du monde. Des millions et des millions d'hommes et de femmes ont cru et croient toujours en Jésus, l'aiment et le suivent.

 Un événement mystérieux qui a tout changé

Le secret de ce renversement des choses, c'est donc la Pentecôte qui transforme le cœur des disciples. Hier hésitants et remplis de doutes, les voici qui manifestent maintenant une claire et tranquille assurance. Fortifiés et illuminés par l'Esprit, ils comprennent maintenant tout ce qui s'est passé, les paroles et les gestes de Jésus, sa mort et sa résurrection. Oui, ce Jésus qui a été crucifié et que Dieu a ressuscité d'entre les morts est bien le Fils de Dieu, le Seigneur, le Sauveur du monde tant attendu.

Les Apôtres vont trouver en eux la force de continuer son œuvre. Car celle-ci est loin d'être achevée. Au contraire, elle ne fait que commencer. Une prédication ardente va maintenant occuper toute la vie des Apôtres qui se mettent à parler toutes sortes de langues pour que les hommes de tous les peuples et de tous les pays puissent entendre la Bonne Nouvelle de l'Évangile.

 Il multiplie prophètes et témoins

En effet, après cette venue de l'Esprit, «la voix de Pierre s'élève». Il fait un long discours pour expliquer l'événement et dire sa foi en Jésus, «Seigneur et Christ». Les auditeurs bouleversés se demandent ce qu'ils doivent faire. Pierre leur répond : «Convertissez-vous! que chacun de vous reçoive le baptême au nom de Jésus-Christ pour le pardon des péchés, et vous recevrez le don du Saint Esprit» (Actes 2, 38).

Mais il ne s'agit pas seulement d'une transformation d'ordre intérieur; les disciples se trouvent investis d'une mission. Ils sont devenus responsables de l'Évangile et le livre des Actes nous raconte ce que l'Esprit a fait à travers leur témoignage et leurs gestes.

L'Esprit agit de deux manières qui se répondent l'une l'autre. D'une part, il renouvelle intérieurement les membres de la communauté chrétienne. D'autre part il habite ceux qui annoncent la Bonne Nouvelle pour qu'ils soient ardents dans leur prédication. Ces deux aspects de son action se complètent. Celui qui se laisse saisir par l'Esprit Saint se trouve changé, converti. Habité «comme par un feu», son témoignage, fruit de la conversion, devient une lumière pour les autres.

Le livre des Actes nous montre ensuite la course de la Bonne Nouvelle à travers le monde de l'époque, jusqu'à Rome, la capitale de l'Empire romain. Sur cet itinéraire, nous voyons les Apôtres, «confirmés» dans leur mission par l'Esprit de Pentecôte, transmettre à leur tour cet Esprit en même temps que leur foi.

 Un Esprit d'unité

Signe essentiel, la foule réunie lors de la Pentecôte rassemblait des personnes de divers pays: Parthes, Mèdes, Élamites, etc... Luc énumère seize nations différentes. Or toutes entendaient «annoncer dans leur langue les merveilles de Dieu». L'Esprit du Seigneur invite les hommes, sans gommer leurs diversités légitimes, à se comprendre, à s'unir, à se rassembler dans un monde nouveau juste et chaleureux. Un monde de frères où règnent l'amitié, la concorde et la paix dans le respect de la différence de chacun.

L'Esprit de Dieu travaille à la formation d'une communauté humaine dont le secret est l'amour fraternel selon le commandement de Jésus. Cette unité ne se confond nullement avec l'uniformité.

 Divers et pourtant un

L'Esprit de Dieu inspire et pousse chacun dans le sens de ses responsabilités personnelles, de son originalité, de sa mission propre, décuplant sa lucidité et sa liberté. Mais en même temps, l'Esprit ne cesse d'ouvrir chacun vers la communauté, le partage, la communion, l'unité.

Que chacun, librement, s'insère dans la communauté, avec tous les liens que cela suppose, sans que la communauté n'écrase personne !... Voilà peut-être le plus difficile, et sans doute est-ce là une aventure divine autant qu'humaine, impossible sans le don de l'Esprit.

En effet, il est facile de parler d'unité, de rêver d'une merveilleuse entente entre tous les hommes, en oubliant toutes les injustices existantes. Une véritable unité entre les hommes dépasse les bons sentiments et la bonne volonté. Elle implique une réelle communion des hommes avec Dieu.

 Il envoie vers tous les hommes

(Actes 10)

Cet instant d'humanité unie n'a pas transformé d'une manière magique les relations entre les hommes. La barrière des langues, l'égoïsme des nations, le racisme existent toujours. Même chez les Apôtres, il faudra du temps - et l'intervention de l'Esprit - pour que la Bonne Nouvelle soit offerte à tous et pas seulement aux Juifs. Luc nous raconte comment l'Esprit se répandit sur les païens, pour vaincre les résistances de Pierre lui-même : «Pierre parlait encore quand l'Esprit Saint tomba sur tous ceux qui écoutaient la Parole. Et tous les croyants juifs qui étaient venus avec Pierre furent stupéfaits de voir que le don du Saint Esprit avait été répandu aussi sur les païens. Ils les entendaient en effet parler en langues et magnifier Dieu. Alors Pierre déclara : «Peut-on refuser l'eau du baptême à ceux qui ont reçu l'Esprit Saint aussi bien que nous?» Et il ordonna de les baptiser au nom de Jésus-Christ».

A son retour à Jérusalem, Pierre du s'en expliquer. Finalement ses compagnons rendirent à leur tour «gloire à Dieu» : «Voilà que Dieu a donné aussi aux nations païennes la conversion qui mène à la Vie!» (Actes 11.18).

 La confirmation est une nouvelle Pentecôte

L'Esprit qui est descendu sur les païens, qui a unifié l'humanité et fait naître un nouveau peuple, est le même que celui qui a suscité les prophètes.

Ce même Esprit est toujours à l'œuvre. Aujourd'hui encore, il emplit la terre et invite les hommes à s'aimer comme des frères et à se mettre au service les uns des autres. Aujourd'hui encore, il travaille le monde pour en faire un monde accompli, un monde comme Dieu le souhaite.

Au jour de la confirmation, l'Église célèbre cet Esprit. Elle revit la Pentecôte avec la nouvelle génération chrétienne. Elle reconnaît en elle le peuple de prophètes, chargé d'accomplir les œuvres du Seigneur et de rénover la face de la terre. E1 elle se souvient de Jésus, le premier confirmé, dont la vie, la mort et la résurrection ont été la révélation vivante, vibrante, de l'Esprit. Des penseurs chrétiens des premiers siècles ont vu dans le baptême du Christ la source de notre sacrement de confirmation. C'est à ce moment-là, en effet, que Jésus de Nazareth a été «confirmé» dans sa mission de Messie.